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LA VALLÉE

canadien appartient à une race d’hommes qui a toutes les hardiesses de l’aventurier, unies à la patience et à la détermination du pionnier, semeur de colonies !

On peut trouver un exemple de ceci dans la manière dont les premiers colons, longtemps très disséminés, très isolés, se sont emparé du terrain dans l’ancienne seigneurie du lac Matapédia. Cette seigneurie comprend toute la terre autour du lac, jusqu’à trois milles de profondeur. Les anciens propriétaires ne voulaient concéder de terres à aucun prix, et ceux des colons qui s’étaient emparés de leurs lots, l’avaient fait malgré les interdictions et les sommations de déguerpir que leur avaient libéralement adressées les agents des seigneurs. Cependant, ils avaient longtemps vécu dans la crainte d’être dépossédés ; bon nombre d’entre eux même s’étaient découragés et étaient partis ; mais d’autres avaient donné l’exemple de l’audace et de la résistance, et cet exemple, devenu communicatif, avait fini par implanter une colonie de pionniers qui ont fait triompher enfin leur droit à la possession du sol qu’ils avaient rendu productif.

Aujourd’hui, les messieurs King, grands commerçants de bois, sont devenus les acquéreurs de la seigneurie du Lac ; ils font une grande exploitation de bois sur cette seigneurie et, d’autre part, ils concèdent des lots facilement : aussi, toute cette contrée a-t-elle changé énormément d’aspect depuis cinq à six ans ! Elle participe de l’impulsion vigoureuse qui a été imprimée, justement depuis ce petit nombre d’années et comme sur un mot d’ordre, à toutes les régions nouvelles de la province, fait important et significatif sur lequel j’aurai à revenir plus d’une fois dans le cours de mes fructueuses pérégrinations.

N’oublions pas de noter en passant qu’à Causapscal on