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ciens paroissiens ; car la population émigrée à la Grande Baie et à l’Anse Saint-Jean se composait alors en majeure partie de gens venus de la Baie Saint-Paul et de la Malbaie. En remontant le Saguenay ils arrêtèrent à tous les postes où il y avait quelques familles, et partout ils furent reçus avec les démonstrations de la plus grande joie ; puis ils arrivèrent à la Grande Baie où ils étaient attendus avec impatience. Ils y trouvèrent une population de trois cent trente-six âmes, selon le rapport qu’ils en firent à l’évêque. En débarquant de leur chaloupe, ils allèrent loger dans la maison d’Alexis Simard, père. (Nous mentionnons ce détail, parce que c’est dans cette même maison que se retirèrent toujours les missionnaires dans la suite, et même que se fit régulièrement la mission, jusqu’à ce que la chapelle eût été construite.)

Les habitants de la Grande Baie s’étaient piqués d’une noble émulation pour célébrer dignement la première mission donnée chez eux. Tous s’étaient entendus pour présenter le dimanche un pain béni monumental qui est resté célèbre dans les traditions de l’endroit. Certains vieux habitants, emportés par l’enthousiasme, disaient avec une naïve énergie que c’était « un pain béni furieux. »

Les missionnaires restèrent pendant huit jours à la baie Ha ! Ha !, occupés des soins de leur ministère. Ils bénirent le cimetière, déterminèrent la place de la chapelle future, plantèrent une croix sur le rivage