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et exortèrent les pionniers à se réunir au pied de cette croix les dimanches et fêtes pour réciter le chapelet, chanter des cantiques ou des hymnes et y entendre quelque lecture de piété.

Toute la population accompagna les missionnaires à leur départ, puis on commença à s’occuper de l’érection d’une chapelle. Mais il fallait pour cela autre chose que du bois ; il fallait trouver l’argent nécessaire à l’achat des ferrures et autres accessoires que les pionniers ne pouvaient fournir eux-mêmes. Voici comment s’y prit le père Alexis Simard. Il improvisa dans sa maison, où l’on se réunissait pour les services religieux, des siéges de toute espèce. Pour avoir le droit d’occuper un de ces siéges pendant les réunions, il fallait payer annuellement une somme qui variait suivant la nature de ce siége ; car, outre les quelques chaises qu’on s’était procurées, on comptait comme siéges les coffres, les huches, les bouts de madriers sur lesquels on s’asseyait. Tout était mis à contribution. De pareils moyens ne pouvaient manquer d’être couronnés de succès. Aussi, le père Alexis Simard réussit-il à former la somme imposante de cinquante dollars. Une belle scie de moulin, frappée par un battant quelconque, annonçait l’heure de la prière, car les échos du Saguenay n’avaient pas encore répété le son des cloches.

Dans le cours de cet été (1839) plusieurs bâtiments