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La fondation du séminaire de Chicoutimi a été déterminée, en quelque sorte précipitée par une cause d’une nature particulière. Il existait alors, depuis trois ans, dans le village, une école protestante à laquelle les parents catholiques, presque tous sans exception, envoyaient leurs enfants. Le maître de cette école ne perdait pas une occasion de poursuivre le curé, aujourd’hui l’évêque, de ses sarcasmes ou de ses invectives, quelquefois d’imputations calomnieuses. Le curé, de son côté, exhortait les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école dirigée par ce dernier : « C’est bien, » lui répondirent enfin les parents ; « nous n’enverrons plus nos enfants à cette école, mais donnez-nous quelque chose qui la remplace. » C’est là-dessus que le curé prit la résolution héroïque de fonder son collége qui, espérons-le, ne le fera mourir ni de folie ni de chagrin.

Dans la courte énumération des édifices et des institutions publiques de Chicoutimi que nous venons de faire, nous aurions voulu mentionner un hôpital pour les matelots d’outre-mer ; mais malheureusement, cet hôpital n’existe pas. Ce n’est pourtant pas que le besoin ne s’en fasse sentir, puisque pas moins de trente-cinq à quarante navires océaniques fréquentent tous les ans le port de Chicoutimi. À Trois-Rivières, il y a un hôpital de ce genre, quoique le port de cette ville ne reçoive guère que vingt à vingt-cinq bâtiments d’outre-mer par année. Il est donc fort à propos d’attirer à ce sujet l’attention du