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aussi faibles que lui, se laisse détruire en paix par la civilisation qui l’envahit et le circonscrit de toutes parts, dont il prend rapidement tous les vices sans pouvoir acquérir une seule de ses vertus ; il ne lui reste que la dignité ou la résignation du silence. Partout il succombe, laissant le blanc seul debout. Ainsi, rien ne peut arrêter la diminution et la mort des races faibles, condamnées d’avance à cause de leur haine d’une demeure fixe, de leur répugnance pour la vie d’ambition et de travail, ou de leur infécondité devenue de plus en plus sensible.

En face de la Pointe-Bleue se trouvent quelques îles, entre autres la fameuse île aux Couleuvres où la légende voulait que ces reptiles inoffensifs tinssent en grand nombre, souvent entrelacés et roulés ensemble comme des festons ; mais, après bien des recherches faites par de hardis voyageurs, on n’y a trouvé qu’une vieille peau de cet animal qui, depuis lors, a perdu tout son prestige et ne compte plus aux yeux des Robervalois. Il y a encore la Grosse Île qui a environ un mille de longueur et de largeur, et qui contient une excellente ferme, la propriété de M. Horace Dumais, le célèbre arpenteur qui nous a révélé la région du Lac Saint-Jean, qui l’a explorée dans tous les sens, plus loin qu’aucun arpenteur moderne ne l’a tenté, et qui a fait à ce sujet de très-beaux travaux qui nous ont été, à nous particulièrement, d’une grande utilité.