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En repartant, Michaux et ses guides traversèrent une suite de petits lacs remplis d’eau stagnante. Il explora les bords du lac des Cygnes, et après avoir dépassé les hauteurs qui séparaient alors le Canada du territoire de la Baie d’Hudson, il entra dans une petite rivière qui conduit au grand lac des Mistassins, où il arriva le 4 septembre, malgré la neige et un temps très-froid.

Le grand lac des Mistassins est une vaste mer intérieure, faite de plusieurs larges baies successives, qui occupe un espace de plus de deux degrés entre le 71e et le 74e de longitude ; il est situé sur le 51e de latitude et se décharge dans la Baie d’Hudson par la rivière Rupert. Près du lac et sur une petite rivière qui s’y jette se trouve un antre de calcaire informe que les sauvages appellent la « maison du grand génie » . De l’autre côté, c’est-à-dire près de la décharge, s’élève une roche énorme et isolée qui domine le lac. Frappés de sa grosseur prodigieuse, les sauvages invoquent le manitou de cette roche ; lorsqu’ils traversent le lac, ils sont saisis d’une religieuse frayeur et détournent les regards pour ne pas exciter les tempêtes. Voici ce qu’en dit le père Albanel dans la relation de son voyage à la Baie d’Hudson, fait en 1672 : « Le 18, nous entrâmes dans le grand lac des Mistassirinins, qu’on tient être si grand qu’il faut vingt jours de beau temps pour en faire le tour ; ce lac tire son nom des roches dont il est rempli, qui sont d’une prodigieuse grosseur ; il y a quantité