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la grandeur de ce lac, c’est qu’il ne le cède guère à celle du lac Supérieur.

« La rivière Rupert, qui y prend sa source, est bien plus considérable que le Saguenay ; elle a un cours d’environ soixante lieues. On va aussi du poste de Chamouchouane au lac Mistassini en marchant dans une direction nord nord-est. Ce voyage se fait en trois semaines ou environ, en comptant quatre lieues à la journée. On traverse, en l’accomplissant, plusieurs lacs plus étendus que le lac Saint-Jean lui-même. Il y a dans ce pays plus d’eau que de terre, cette dernière est hors d’état d’être soumise à la culture, n’étant formée que de masses de rochers, de falaises et de marécages immenses où l’on peut marcher des milles entiers sans trouver d’autres arbres que quelques tamaracs. C’est là le domaine de l’orignal et du caribou qui traversent par bandes les vastes plaines, en ne se nourissant que de la mousse qui croit sur les rochers.

Les sauvages qui chassent dans ce misérable pays, qui cependant abonde en animaux à fourrure de différentes espèces, ont beaucoup diminué en nombre (1827) depuis le temps où la compagnie du Nord-Ouest tenait les Postes du Roi et surtout depuis qu’on a introduit parmi eux des liqueurs fortes, dont ils font un usage si immodéré qu’ils en meurent. Lorsque la famine attaque une famille de Montagnais, c’est l’usage parmi eux que lorsqu’il en meurt un, victime