Page:Buies - Le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, 1880.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 284 —

saison favorable qui leur eût permis de se livrer à une investigation minutieuse des lieux. Or, c’est cette première condition indispensable qui fit défaut. Les explorateurs, entrés dans la forêt le 24 octobre, trouvaient de la neige deux jours après leur départ et étaient arrêtés dans leur marche par un mauvais temps presque continuel. Si l’on en croit M. Perreault, le parti engagé dans cette expédition aurait eu à lutter, non-seulement contre les intempéries d’une fin d’automne, mais à subir même toute espèce de privations et à se voir menacé d’une disette complète. Une fois pénétrés dans la forêt, les explorateurs, suivant lui, n’auraient guère pu faire autre chose que chercher à en sortir au plus vite, n’importe comment, pour ne pas périr d’inanition.

Toutefois, malgré les désavantages de la saison et l’impossibilité pour les explorateurs de faire toutes les recherches que nécessitait l’objet de leur expédition, ils n’en conclurent pas moins dans leur rapport qu’il était facile et serait même peu coûteux d’ouvrir un bon chemin de Stoneham au lac Saint-Jean. Aussi, l’année suivante, MM. Vallée et Picard envoyaient-ils, sous leur propre responsabilité, une dizaine de travailleurs pour continuer les travaux commencés l’automne précédent et faire un chemin d’hiver jusqu’au lac Jacques-Cartier, c’est-à-dire jusqu’à la moitié de la distance entre Stoneham et le lac Saint-Jean. D’autres citoyens de Québec, pris d’émulation à la vue de leur courage et de leur persévérance,