Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/120

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par sa hardiesse, son énergie, son esprit d’entreprise, comme aussi malheureusement par son caractère farouche, ses terribles vices, son manque absolu de scrupules et par les efforts qu’il fit pour empêcher les colons de se livrer à la culture. Il s’était fixé pour faire un grand chantier de bois au débouché de la petite rivière du Moulin dans le Saguenay, tout près de Chicoutimi. D’abord établi à son propre compte, il devint ensuite en peu de temps l’associé de M. Price. Cet homme, véritable type légendaire sur qui l’on a conté des choses absolument incroyables et cependant vraies, physionomie saillante entre toutes dans les commencements durs et en quelque sorte sauvages de l’établissement du Saguenay, se nommait Peter McLeod.


PETER McLEOD


Peter McLeod était un écossais métis. C’était un composé de plusieurs bêtes fauves, dans lequel s’étaient introduites quelques-unes des plus belles et des plus nobles qualités de l’homme. Il était fier et courageux comme un lion, souple comme un tigre, rusé et méchant à la fois comme la panthère, bon comme un enfant. Sa violence ne connaissait ni entraves ni bornes. Apaisé, il était plus doux qu’un agneau ; mais il fallait bien se garder de l’approche de l’orage. Cette approche était foudroyante. McLeod passait d’un état à l’autre sans transition, en un bond. Sa colère éclatait comme la foudre, puis il n’y avait plus rien, pas même d’écho. Il refusait à ses hommes leurs