Page:Buies - Le Saguenay et le bassin du Lac St-Jean, 1896.djvu/145

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d’arpenter plusieurs cantons dans cette étendue. Quelques individus avaient déjà formé une société pour y bâtir des moulins à scies et y former des établissements. Quelque temps après, ils ont vendu à W. Price les intérêts qu’ils avaient respectivement dans cette entreprise, et ce monsieur a conduit ces opérations avec intelligence, énergie et diligence. Il possède maintenant plusieurs vastes établissements pour scier le bois, au moyen desquels il a pu, l’année dernière et cette année, charger de madriers plus de 60 vaisseaux. Un grand nombre de cultivateurs les plus pauvres des paroisses qui bordent le Saint-Laurent, presque réduits à la misère par une succession de mauvaises récoltes, sont allés résider en ce lieu afin de se procurer pour eux et leurs familles les moyens de subsistance, en travaillant soit aux moulins ou aux bâtisses qu’on y érigeait, soit dans les forêts, à couper et tirer le bois propre à être scié. Le manque de récolte avait mis la plupart du commun des cultivateurs dans l’incapacité de procurer de l’ouvrage à une nombreuse classe de journaliers agricoles qui, d’ordinaire, se fient pour leur subsistance sur les travaux qu’ils peuvent faire pour autrui, et eux-mêmes furent également forcés par la nécessité de recourir au Saguenay.

« Le moyen de communication par terre le plus court serait le chemin projeté de Bagot, dont la longueur sera cependant de 66 milles et dont l’ouverture serait coûteuse, vu qu’il devra passer par un terrain qui ne sera jamais établi, et qui, s’il était une fois ouvert, deviendrait bientôt impraticable par le manque de bras et de moyens pour l’entretenir. »

À l’époque où nous sommes parvenus, c’est-à-dire en 1848, deux chemins rudimentaires, ouverts aux voitures pour la saison d’hiver seulement, reliaient la Grande-Baie, d’un côté à la Malbaie et de l’autre à la Baie Saint-Paul. Celui de la Malbaie, plus long que l’autre, avait été ouvert en 1843, et celui de la Baie Saint-Paul en 1846.