Ce qu’il y a de singulier dans ces lacs, c’est que chacun d’eux a son poisson propre, qui se distingue de celui des autres lacs par une nuance de la couleur du ventre. Ainsi dans l’un, la truite a le ventre blanc ; dans l’autre, elle a le ventre rouge ; dans un troisième, la truite sera toute verte ; dans un quatrième, il n’y aura que du poisson blanc ; ailleurs ce sera du bar, du touradi… ; tout cela a été arrangé à dessein pour les différents goûts des gens et suivant les couleurs qu’ils préfèrent. La Compagnie du chemin de fer n’y est pour rien : espérons que les pêcheurs sauront respecter cette distribution de la nature et ne s’amuseront pas à jeter une confusion inutile parmi les poissons des lacs, peut-être plus soucieux que les hommes de garder leurs couleurs.
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J’ai dit que les lacs qui bordent le parcours de la ligne regorgent de poisson. Ces lacs fournissent en effet chaque semaine des milliers de livres de truite, dont une bonne partie vient sur nos marchés. On devrait en régulariser des expéditions vers les grands centres des États-Unis, là où la truite est un poisson de luxe et vaut cinq fois le prix que nous en donnons. En attendant, un assez bon nombre de familles de journaliers de la ville vont camper sur les bords de ces lacs, pendant l’hiver, et y trouvent, dans la pêche seule, une subsistance suffisante.