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Le chemin de fer

tellement dépourvu de toute notion scientifique ou agricole quelconque, que nous n’avons pu en extraire que quelques pages d’une utilité relative, et, cela, sur une vingtaine de colonnes de l’énorme volume des Appendices de la Chambre ! On s’y perd dans un détail complaisamment édifié des incidents les plus futiles ; on y découvre non sans étonnement combien était maigre le bagage scientifique des praticiens de ce temps et jusqu’à quel point ils ne voyaient, dans une « exploration » de ce genre, que l’occasion de faire des récits personnels pour défrayer les longues soirées d’hiver, aux foyers de leurs paroisses.

Chacun des rapports des trois arpenteurs ne contient en effet qu’une narration de voyage banale ; tous trois sont à peu près identiques, sans autre différence que celle des lieux. Dans cette marche monotone on ne distingue aucun point de repère, on ne voit aucun jalon posé, aucun fait géographique, ou, géologique mis en relief. Chacun des trois arpenteurs ne semble préoccupé que de la manière dont il passera la journée, et cette journée, arrivée à son terme, se trouve la même à peu près dans les trois récits.

Aujourd’hui, ces messieurs campent à tel endroit ; ils allument du feu, fument leur pipe, jasent avec leurs guides, se couchent, dorment et se réveillent le lendemain, à 5 ou 6 heures, (ils ont soin de le dire au juste afin que nul n’en ignore). Si une corneille vient croasser près d’eux, ils le notent. Celui-ci remarque que le vent souffle du