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Saint-Jean. Néanmoins, chose qu’on n’a pu encore s’expliquer, la Madawaska ne prend à glace que rarement, l’hiver ; il y a même un endroit, près de la décharge du lac, où l’on n’a jamais vu de glace. De là le nom de « Dégelé », qui a été ajouté à celui de Sainte-Rose, pour servir de qualificatif à cette paroisse. S’il arrive que, par un temps très clair et un froid intense, la Madawaska prend d’une rive à l’autre, il n’est jamais sûr de s’y aventurer et de traverser de l’autre côté en voiture ; que le temps vienne à se couvrir dans le cours de la journée, déjà la couche de glace nouvellement formée craque de toutes parts et n’a plus assez de force pour porter des voitures. On s’explique jusqu’à un certain point que le lac Témiscouata mette beaucoup de temps à prendre à cause de son extrême profondeur, mais là où est le Dégelé, la profondeur d’eau est loin d’être considérable, et il s’en dégage invariablement, dans les grands froids, une épaisse vapeur blanche qui a toujours fort intrigué les habitants de l’endroit : quant aux canards sauvages, absolument indifférents aux phénomènes de la nature, ils se tiennent en permanence au Dégelé, tout l’hiver.


IV.


En quittant la paroisse de Sainte-Rose on traverse celle de Saint-Jacques et l’on arrive enfin