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Vous craignez d’arriver là aux dernières limites des habitations, parmi des gens qui ont perdu tout souvenir de leur existence antérieure, ou qui ont toujours vécu isolés et sauvages. Vous vous imaginez qu’ils resteront tout ébahis à votre approche et qu’ils sauront à peine vous répondre ou comment vous recevoir.

Détrompez-vous. Ce monde-là se compose précisément, à de rares exceptions près, de ce qu’il y a de plus actif et de plus énergique dans nos vieilles paroisses. Plutôt que d’émigrer aux États-Unis, ces colons et ces défricheurs nouveaux ont résolu de tout essayer d’abord sur le sol de leurs pères, et ils se sont enfoncés vaillamment, hardiment, dans le cœur de l’épaisse forêt. Ils apportent avec eux des méthodes nouvelles et un esprit nouveau ; aussi voit-on les établissements qu’ils ont fondés prospérer beaucoup plus vite que les anciens, dotés qu’ils sont de ces améliorations modernes qui simplifient et facilitent toutes les opérations agricoles.

À Sainte-Angèle, il y a au moins une trentaine de moissonneuses en usage, sans compter les autres instruments aratoires, et cela parmi une population qui, il y a trente ans à peine, était absolument sans ressources et extrêmement clairsemée.

Dans ce temps-là le grand chemin de Matapédia, qui a ouvert à l’agriculture toute la vallée de