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dont on voit encore les troncs le long du chemin nouveau, que nous appellerons le chemin Fiset, si Monsieur le premier ministre veut bien y consentir. Ces arbres sont surtout des merisiers, et ils avaient pour compagnons de beaux érables, de grands bois blancs et des ormes aux vastes branches. Ils ont aujourd’hui disparu et ont été remplacés par une pousse nouvelle, qui n’atteindra jamais malheureusement la vigueur ni la valeur de celle qui l’a précédée.

À peine est-on sorti de la forêt, dans laquelle on vient de parcourir dix-sept milles, sur un chemin de colonisation, que l’on éprouve un immense soulagement, on aspire avec transport l’air libre, comme si l’on sortait d’un tunnel, et c’est avec une véritable effusion que l’on salue de nouveau la campagne au loin découverte, les longs champs chargés de moissons, et les blanches habitations qui émergent de la vallée.

Le lendemain, après une bonne nuit de repos et un déjeuner dans lequel ont figuré avec orgueil les énormes patates nouvelles des champs de François Corriveau et son bon pain de ménage, remarquablement léger et appétissant, on dit adieu à la paroisse de Sainte-Angèle et l’on entame presque aussitôt une série d’ascensions formidables, coupées d’autant de descentes presque périlleuses, afin de gagner la paroisse voisine de Saint-Gabriel.