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mais qui ne sont pas, après tout, des millionnaires, sont obligés de faire de fortes avances de provisions et de matériaux aux hommes qui travaillent dans les chantiers, l’automne et l’hiver, et d’attendre ensuite à l’été suivant pour rentrer dans leur déboursés. Il est donc évident que s’ils pouvaient expédier leur cèdre, l’hiver, ou bien le vendre sur les lieux, ils en feraient énormément plus. Les négociants de Matane font également, quantité d’épinette équarrie, quarante mille pieds en moyenne, qu’ils expédient aussi à Québec, toujours par goëlettes. Il faut que l’épinette soit montée au printemps ; autrement elle perd de sa valeur, aussi bien que le cèdre. Disons la même chose du bardeau, dont on pourrait faire une exploitation en quelque sorte illimitée ; mais toujours, il faut attendre à l’été, et encore là, pour un commerce très restreint, puisqu’il n’y a à Matane que quatre goëlettes qui peuvent servir au transport du bois, sans compter tous les obstacles et les empêchements qui résultent de la mauvaise saison et d’une foule d’autres choses dont la navigation fluviale se trouve embarrassée. Il résulte donc pour Matane, de l’absence d’un embranchement de chemin de fer, malgré l’activité de la population et quelques industries locales, une infériorité déplorable, comparativement aux centres également bien situés des autres provinces.