Page:Buies - Les comtés de Rimouski, de Matane et de Témiscouata, 1890.djvu/93

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lac semble comme endormi dans le repos des âges, et reste immobile dans sa coupe profonde ; mais que le moindre vent l’agite, il s’irrite aussitôt et sur son vaste dos se dressent des ondes pressées, comme une crinière sur le cou d’un lion. Des deux côtés pas de montagnes, mais seulement des élévations plus ou moins hautes, et dans tout l’ensemble une harmonie sauvage et douce à la fois qui charme particulièrement le regard. L’une des rives seule est habitée, c’est la rive occidentale, celle où nous sommes, et qui renferme les paroisses de Saint-Louis, de Notre-Dame et d’une partie de celle de Sainte-Rose. L’autre rive est encore à l’état sauvage. C’est là que se trouve la seigneurie de « Madawaska », qui appartenait jadis aux héritiers Languedoc et qui est maintenant aux mains de différents propriétaires étrangers.

Les seigneurs de Madawaska ne tiennent pas à concéder leurs terres, parce qu’ils trouvent plus d’avantage à exploiter le bois qui s’y trouve. Toute cette rive est donc encore vierge de culture ; c’est à peine si l’on y voit, à de très rares intervalles, un toit isolé sur le bord du lac. Cependant on distingue à quelques milles devant soi, à gauche, dans la direction de la partie supérieure du lac, une habitation d’une assez vaste apparence, au milieu de champs découverts. C’est la ferme solitaire de monsieur Lévite Therriault, à