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temps, sans que nous nous en fussions aperçus, et m’approchant de M. d’Estremont :

— « Monsieur, lui dis-je, je ne saurais vous témoigner assez l’estime profonde que je ressens pour votre caractère, ni vous faire entendre tous les souhaits que je forme en mon cœur pour votre généreuse entreprise. Je puis du moins vous rendre grâces de la confiance que vous m’avez témoignée, et vous prier de croire qu’elle m’honore autant qu’elle m’éclaire sur toutes les choses que je désirais connaître. Je vous quitte en emportant avec moi le souvenir d’un des plus heureux moments de ma vie : j’ai vu bien des choses héroïques, mais je n’avais pas encore eu le bonheur de contempler l’âme et les traits de la vertu politique s’immolant au devoir par amour des hommes et de la vérité. »

Pour toute réponse, M. D’Estremont me tendit sa main que je serrai avec une effusion toute nouvelle pour moi, et nous nous quittâmes, le cœur rempli sans doute des mêmes pensées, et des mêmes espérances pour le peuple dont je venais d’apprendre à pleurer les malheurs.