Page:Buies - Lettres sur le Canada, étude sociale, vol 2, 1867.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tions, à l’inquisition qui déjà scrutait, et étreignait les familles dans un cercle d’intrigues.

Dix ans passèrent. La salle étroite, basse, pauvre, de l’Institut-Canadien, était devenue une tribune publique, d’où jaillissaient les idées réformatrices, ce brandon paisible qui, en agitant profondément les masses, ne détruit rien que les abus et perfectionne les institutions. Treize des vaillants jeunes gens qui avaient présidé à la fondation de l’Institut étaient maintenant des députés au parlement canadien. Réunis, côte à côte, ils formaient cette petite phalange hardie qui attaquait tous les privilèges, tous les vices de l’organisation sociale, judiciaire, et politique. Ils voulaient :

1.o L’abolition de la tenure seigneuriale ;

2.o L’élection des membres du Conseil Législatif, jusqu’alors l’instrument du pouvoir ;

3.o La décentralisation du pouvoir judiciaire ;

4.o L’élection de la magistrature ;

5.o Le suffrage universel ;

6.o Le scrutin secret ;

7.o L’éducation aussi répandue que possible ;

8.o La représentation basée sur la population ;

9.o L’abolition de la dîme ;

10.o L’annexion aux États-Unis ;[1]

11.o La sécularisation des réserves du clergé ;

12.o L’abolition des pensions payées par l’État ;

13.o La codification des lois ;

14.o L’établissement du système municipal ;

15.o La réforme postale ;

16.o L’élection de tous les fonctionnaires importans ;

17.o Le libre échange et la libre navigation des fleuves ;

18.o La réunion du parlement à des époques fixes chaque année ;

19.o L’établissement de fermes modèles ;

20.o La réduction des droits sur les articles de consommation ;

21.o La colonisation des terres incultes.[2]

Ce programme que j’ai recueilli dans les manifestes des candidats libéraux à leurs constituants de 1854, et dans le journal l’Avenir, fondé

  1. Les articles 8, 9, 10 furent néanmoins retranchés du programme comme prématurés.
  2. Adresse de l’Hon. A. A. Dorion aux électeurs de Montréal, le 8 juillet 1854.