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porté l’été dernier sur son concurrent par le nombre des personnes qu’il a reçues. On ne saurait s’empêcher de souhaiter à M. Lemieux tout le succès possible, d’autant plus qu’on peut le faire sans causer aucun tort à l’hôtel Larochelle ; il y a place à la Rivière-du-Loup pour deux hôtels de premier ordre, et si quelqu’un peut remplir convenablement une moitié de cette place, c’est bien M. Lemieux dont la politesse, les manières agréables et le savoir-faire sont remarqués de tous les voyageurs.

Rivière-du-Loup est un nom ancien dont on ne peut retracer l’origine, malgré la signification qu’il semble porter en lui-même. Pourquoi « loup » plutôt que renard, lièvre, caribou ou castor ? D’autant plus qu’il y a une autre « Rivière-du-Loup » en haut, près de Maskinongé, et une autre encore sur la Ristigouche, près de la baie des Chaleurs, et peut-être deux ou trois de plus que connaît seul l’inspecteur des postes. Les loups d’autrefois étaient donc de grands baigneurs, absolument sans préjugés, qui passaient une rivière aussi bien qu’une autre, et qui ne s’arrêtaient que juste le temps d’être remarqués pour qu’on baptisât une rivière de leur nom. Je me rappelle un de mes amis qui, arrivé à la Rivière-du-Loup (en bas) se trouvait absolument mystifié : « Le loup ! » demandait-il aux passants, « le loup, je veux voir le loup ; je vois bien la rivière, mais où est le loup ? » Il n’en démordait pas et sa surprise était extrême ; il pensait sans doute qu’un loup traditionnel devait pas-