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aurait amplement le temps nécessaire. S’il lui arrivait d’être enveloppé de brouillards persistants, il ne serait pas plus retardé que le steamer lui-même, obligé par le même contretemps de rester immobile ; et si le service de la malle en éprouvait quelque inconvénient, cette circonstance serait si rare et si exceptionnelle que l’on aurait sérieusement tort de lui sacrifier un grand avantage positif, assuré à une vaste partie du pays qui manque de moyens de communication. Aussi, les citoyens les plus influents de Rimouski ont-ils pétitionné le gouvernement, il y a quelques mois, pour qu’il leur envoyât un tender capable de porter autre chose que des sacs de lettres et quelques passagers. Ils attendent encore une réponse, ce qui ne veut pas dire que le gouvernement ne s’occupera pas de la chose au premier moment opportun ; il a tout à y gagner du reste, car le commerce de Rimouski avec les chantiers du nord et la circulation des voyageurs le rembourseraient presque des frais auxquels l’oblige l’entretien d’un tender qui reste oisif pendant six jours de la semaine.

Si le tender est forcément oisif, en revanche son équipage ne demande qu’à agir et son capitaine, M. Lavoie, homme aussi affable et complaisant que marin habile, se désole d’une inaction qui ne va guère à un loup de mer et regarde avec amertume la fumée des steamers qui passent à l’horizon, pendant qu’il est obligé de garder dans la soute du sien tout son combustible inutile, inutile même pour faire cuire des