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le fleuve grand en prose ; poëte, il eût été condamné à le trouver immense tout d’un coup. Mais continuons la lecture de notre ode.

« Il faut jusqu’au détour (quel détour ?) en suivre le rivage,
Par derrière s’élève, au midi, sur la plage »…

Ah ! nous y sommes. C’est le détour du derrière.

« Le bourg de Rimouski, déjà tant orgueilleux
De l’honneur infini d’être l’un des chefs-lieux.»…

Tout est grand dans cette poésie lyrique. Le fleuve est immense, l’honneur est infini ; infini ! pourquoi ? Parce que Rimouski est un chef-lieu ! Il est vrai qu’il est tant orgueilleux, et que, lorsqu’on est tant orgueilleux, et qu’on a un honneur avec cela, cet honneur ne peut être autre qu’infini. Voilà comment les choses s’expliquent.



En veine de faire des citations, l’auteur de la « Chronique » reproduit, quelques lignes plus loin, une description de Rimouski par M. J. M. Lemoine, cet incomparable écrivain qui écrit dans les deux langues, française et anglaise, c’est-à-dire qu’il a trouvé le moyen d’écrire l’anglais avec des mots français, et le français avec des mots anglais. C’est ce tour de force qui fait que le lecteur est toujours dérouté, mais toujours