Il y a bon nombre de villes américaines qui, grâce aux abstinenciers, sont devenues absolument ridicules, tout-à-fait inhabitables le jour du Seigneur. Les nôtres ne tarderont pas à l’être également, elles ont déjà bien commencé ; voyez par exemple Ottawa ; il n’y est même plus permis de se promener le jour où l’on n’a rien à faire, et les cochers sont tenus, de par injonction municipale, de laisser leurs stations désertes.
Oh ! les conseils de ville ! Quelle bonne pâte, quels instruments excellents de teetotalisme ! Il est impossible que le nôtre échappe longtemps à la tentation de nous encarcaner, de nous museler et de nous presser comme des bottes de foin le dimanche, afin de pouvoir répondre de notre salut éternel dont on le convaincra aisément qu’il a charge. Il en a déjà donné un commencement de preuves, au printemps de 1875, en faisant fermer les hôtels le jour dominical et tous les soirs de la semaine à onze heures.
Personne n’osera contester à nos conseillers municipaux la profonde sagesse qu’ils apportent dans l’administration de la ville, mais ce qu’on ne pourra se lasser d’admirer, c’est le discernement avec lequel la loi prohibitive a été adoptée et l’époque qu’on a