se constituant au fur et à mesure des progrès de l’esprit, a eu d’abord à retrouver et à ressaisir tout ce que cette langue avait perdu, tâche bien différente et surtout bien autrement difficile. Dans son ingénuité il a cru qu’il lui suffisait du simple instinct littéraire pour accomplir cette tâche, en faisant de lui un être à part au milieu des propensions d’un vulgaire positivisme ; il ne s’est pas rendu compte de tout ce qu’il lui aurait fallu acquérir, avant de produire, par l’étude raisonnée du cœur humain et par l’observation, conditions dont s’affranchissent imparfaitement à leurs débuts même les génies supérieurs et les talents de premier ordre.
Mais qu’à cela ne tienne. Il n’en est pas moins vrai que, depuis un certain nombre d’années, des efforts réels, et qui portent déjà leurs fruits, ont été faits pour créer au Canada une vie intellectuelle. Petit à petit nous sommes entrés dans le courant des transformations modernes, dans le giron commun où tous les peuples évoluent. Longtemps tenus à l’écart, nous nous sentons atteints chaque jour davantage par les mille souffles qui portent l’idée et par l’expansion envahissante des progrès scientifiques. Bon nombre de travaux de nature diverse ont été faits chez nous en dehors des œuvres purement littéraires ; il y a