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fiques carrières qu’il soit donné à des hommes d’ambitionner. Issus de la nation la plus chevaleresque et la plus intelligente de l’Europe, vous êtes nés à une époque où le reste du monde a vieilli, dans une patrie neuve, d’un peuple jeune et plein de sève. Vous avez dans l’âme et sous les yeux toutes les sources d’inspirations, au cœur de fortes croyances, devant vous une gigantesque nature où semblent croître d’elles-mêmes les grandes pensées, une histoire féconde en dramatiques événements, en souvenirs héroïques. En exploitant ces ressources, vous pouvez créer des œuvres qui s’imposeront à l’admiration et vous mettront à la tête du mouvement intellectuel dans cet hémisphère. »

Voilà en effet notre mission à nous, représentants en Amérique du génie latin et cette mission a été comprise d’instinct par les jeunes gens qui se sont exercés dans les lettres. Ils ont ouvert la voie ; ils l’ont fait comme tous les initiateurs, avec les instruments quelconques qu’ils ont eus à leur disposition ; mais le point essentiel est qu’ils s’en soient servis et qu’ils aient eu la noble témérité de fonder, à douze cents lieues de la mère-patrie intellectuelle, un foyer d’où rayonnera son génie quoique affaibli et adapté à des conditions différentes. Qu’importe alors qu’ils soient puérils,