renfermer dans un cadre immuable, d’où le lecteur ne le laisse sortir que pour faire de la fantaisie et des jouets littéraires, tels que la Chronique. De là vient que tout ce que produit la littérature canadienne de nos jours est à peu près fondu dans le même moule. Il n’y a pas de création, et l’on ne voit poindre nulle part l’idée autour de laquelle se livrent les combats de l’esprit. On ne voit pas la gestation dans l’œuvre, la patiente incubation de la pensée approfondissant son sujet et l’explorant dans tous les sens. Et pourquoi ? C’est que nos jeunes écrivains, pour la plupart, ne font pas les fortes études propres à leur donner le fonds nécessaire. Les grands ouvrages philosophiques et historiques leur sont inconnus ; ils ne se nourrissent à peu près que de littérature secondaire, celle surtout de notre siècle qui abonde en livres délicatement pensés, écrits dans un style où l’art exquis des nuances donne d’innombrables aspects à l’analyse de tous les sentiments humains. Cette littérature est séduisante, nous en convenons. Elle captive et absorbe ; mais il en est d’elle comme des desserts, qui ne constituent pas un repas, et qui empêcheront toujours ceux qui s’en nourrissent de pouvoir donner à un livre de la chair et du sang.
Le lecteur, de son côté, formé à une nourriture