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québec en 1900

prochain, est déjà pour nous un endroit presque aussi familier, aussi facile à atteindre que les paroisses en renom de la rive sud du Saint-Laurent.

Comme les choses marchent tout de même, malgré l’apparence de stagnation dans laquelle nous avons semblé vivre depuis un certain nombre d’années ! Eh ! mon Dieu ! Il n’est pas si éloigné le temps où la vallée du Lac St-Jean était une région absolument en dehors du monde et où de très rares, de très rares amateurs de pêche seulement s’y rendaient en voiture l’été, à partir de Chicoutimi, en faisant vingt-deux lieues dans des côtes interminables, à travers un pays morne, à peine habité, misérable et comme marqué d’un sceau de réprobation ineffaçable. Cela provenait de ce que ce pays avait été colonisé aux trois quarts par de pauvres diables sans ressources, qui avaient continué à vivre dans leur misère primitive par l’impossibilité pour eux d’écouler leurs produits et d’avoir aucune relation avec le reste de la province.

Il n’est pas si loin le temps où l’on regardait comme une utopie la simple ouverture d’un chemin de colonisation d’ici à la paroisse de St-Jérôme ou de la Pointe-aux-Trembles, sur les bords du Lac St-Jean. On avait un jour fait un simulacre de chemin et on avait annoncé à son de trompe que désormais les habitants des paroisses du Lac allaient avoir une communication régulière, dans toutes les saisons, avec la capitale. Un malheureux colon de St-Jérôme, je crois, s’aventura dans le chemin, l’hiver, avec des bestiaux qu’il voulait conduire au marché. Le « chétif » faillit périr en route avec ses bêtes.