énergique, imprimée à la compagnie du St-Laurent, la région du Saguenay serait encore à peu près inconnue et ses champs redevenus incultes. La compagnie a fait plus que fertiliser ceux-ci, puisqu’elle leur a donné l’écoulement nécessaire, en leur ouvrant le monde extérieur et en retenant, autant qu’il a été possible, le colon sur le patrimoine qu’il avait arrosé de tant de sueurs.
Dans quelques années d’ici, la génération des cultivateurs qui aura remplacé entièrement la première, et l’essaim nouveau de ceux qui prennent de plus en plus tous les ans la direction du Lac St-Jean, en entendant parler des pénibles commencements de cette région, des disettes fréquentes des premiers temps et des amers découragements qui, bien des fois, chassèrent de leurs foyers les aventureux pionniers de 1845, aimeront probablement à savoir comment elle commença à s’affranchir de sa misère, quelle fut la première voie ouverte devant elle, comment enfin elle arriva à se mettre en communication avec le reste du pays. C’est alors que les quelques lignes que je viens de vous lire, Messieurs, auront peut-être la chance d’être classées dignement au nombre des œuvres utiles, et que des hommes intelligents, possédés de la passion des souscriptions nationales, ces souscriptions qui réussissent si bien, en imagineront une pour m’élever une statue dans une des niches du Palais Législatif, où je serai si heureux et où je pourrai ne pas perdre un mot des adorables discours qui se débitent dans cette enceinte.