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québec en 1900

d’une véritable nuisance, sous prétexte que cette nuisance est ancienne. Il faut étouffer ces appels béats aux souvenirs, à l’originalité, à l’antique, lorsqu’ils se font entendre hors de propos, lorsqu’ils n’ont aucun sens ni aucune raison d’être. Il faut aussi nous bien mettre dans la tête que ce qui attire ici les étrangers, ce qui les frappe, les retient et les ramène chez nous, n’a rien à faire avec notre monumentalité militaire ni avec rien de ce que nous nous imaginons à ce sujet.

Ce qui les attire, ce qui les fascine, c’est la saveur particulière et piquante d’une ville comme la nôtre, dont ils ne trouvent nulle part l’image sur le continent américain ; c’est, c’est,… je n’en finirais plus s’il me fallait donner toutes les raisons de cet attrait ; mais ce n’est assurément ni nos remparts, ni nos portes, ni nos fossés, ni les terribles canons qui gisent, la gueule entr’ouverte et les jarrets repliés, dans certains endroits extraordinaires d’où l’on peut être sûr de vomir la mort à des distances incommensurables.


Et nos portes maintenant. Ah ! Les portes, les portes ! Pour elles, du moins, la question est réglée. Il est entendu qu’elles doivent être éternelles, puisque nous avons pris la peine de les reconstruire, après les avoir démolies. Nous avons reconstruit entre autres la porte Saint-Jean. Voyez ce monument impérissable. Contemplez-moi un peu cette architecture municipale et dites-moi s’il n’y a pas là de quoi attirer des légions d’étrangers.