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québec en 1900

Il y avait là autrefois une vieille porte renfermant un seul passage de dix pieds de largeur environ, où les voitures ne pouvaient se rencontrer, bien entendu, et une sorte de tanière, ouverte aux deux bouts, par où se glissaient les piétons. Cette vieille porte, toute noire et repoussante qu’elle fût, avait du moins, elle, un cachet et voulait dire quelque chose. On l’a remplacée par cette espèce de cercueil de pierre à l’usage des vivants. Ah ! voilà où nous pouvons nous vanter d’avoir réussi et d’en avoir eu pour notre argent ! Dire qu’il n’en a coûté que trente-cinq mille dollars pour édifier cette quadruple arcade où défilent voitures et piétons, et qui offre dans toutes les saisons un abri sûr, avec cette variété singulière que, lorsqu’il fait très beau au dehors, il pleut invariablement sous la porte Saint-Jean !

Les architectes de cet incomparable morceau n’avaient pas un instant songé que l’eau de pluie, traversant presque sans interruption l’épaisse couche de terre qui recouvre la porte, arriverait au ciment qui rattache les pierres et le traverserait à son tour, pour tomber ensuite, goutte à goutte, et le plus innocemment possible, sur la nuque des passants. Les conseillers de ville, habitués à toutes les finesses, eurent un jour l’idée de remédier à ce petit inconvénient, et ils firent appliquer une voûte en fer blanc à l’une des arcades de piétons, mais à une seule, remarquez-le bien, en sorte que si l’on veut recevoir un bain de gouttes calculées, même par le temps le plus sec, on n’a qu’à passer par l’autre arcade, qui se trouve précisément du côté du marché principal de la ville, par où vont et viennent le plus grand nombre de gens, à certaines heures de la semaine.