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Page:Buies - Récits de voyages, 1890.djvu/15

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sur les grands lacs

sir un léger fragment de la rive canadienne laquelle paraît assez rude, généralement plate, ne dessinant au loin qu’un monticule tout petit, tout confus, tout ennuyé de se trouver ainsi seul sur une rive qui ne sait que s’abaisser devant les flots pourtant peu redoutables du Saint-Laurent.

Parmi tous ces cottages qui fourmillent sous le regard, il en est que l’on dirait sortir de l’eau, tant est petit l’îlot sur lequel ils sont construits ; ils se tiennent là-dessus comme par miracle, et cependant ils sont habités ; c’est une manière d’être original à l’Américaine. Sur l’un de ces îlots, de moyenne dimension, et qui offre au regard un pan de rocher lisse et vertical, on lit, écrit en grosses lettres blanches, le nom de Cuba : sur un autre, celui de Louisiane. D’autres sont assez grands pour porter de beaux arbres et même des pelouses d’un riche gazon, sur lequel des rayons du soleil impriment des tons flottants et des nuances qui se jouent parmi les touffes d’herbe sans cesse agitées par la brise. Enfin l’on sort de ce fouillis de rochers capricieux, qui ont l’air d’émerger de l’onde l’un après l’autre, pour