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récits de voyages

qui déchirent le rivage, et que décorent de minuscules cottages, à l’air presque mystérieux. La vie, la gaieté, le plaisir débordent de tous côtés et font retentir l’air de joyeux éclats, qui sont comme l’écho de la fanfare qui est dans tous les cœurs.


Le plus grand et le plus élégant des deux hôtels ci-dessus mentionnés s’appelle le « Thousand Island House » ; c’est bien le moins. Presque en face de lui, au beau milieu du fleuve, se dresse un tout petit îlot, surmonté d’un phare. Il est trop petit pour être tout seul : aussi l’a-t-on relié par une chaussée à deux autres petites îles, qui lui servent de protectrices. Tout autour le vent mugit et le fleuve bouillonne ; puis il s’élargit subitement, de façon à ce que l’on ait comme un aperçu fugitif de la rive canadienne ; mais c’est là encore une de ces plaisantes illusions, comme il en naît à chaque instant dans cet endroit unique. Cependant, si l’on se donne beaucoup de mal, si l’on fait bien des pas en avant, en arrière, à droite et à gauche, si l’on se penche, si l’on se redresse et si l’on fixe obstinément les yeux devant soi, on arrive à sai-