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récits de voyage

qui l’avaient colonisé ; c’était la seule au monde qui eût, à cent cinquante lieues de l’océan, un port de mer capable de contenir les plus grandes flottes, la seule aussi peut-être où l’on vît un aussi merveilleux ensemble de beautés naturelles, servant de cadre aux plus éclatantes traditions dont puisse s’enorgueillir un peuple. Aussi, dès que l’heure de l’histoire eût sonné pour Québec, tous les yeux se sont-ils tournés vers elle en y restant longtemps rivés par le respect et l’admiration ; pas un écrivain américain qui n’y ait consacré des pages éloquentes et émues, pas un seul qui ne soit venu remuer cette poussière féconde, pour y chercher les grandes leçons à transmettre aux générations futures ; pas un seul qui n’aît étudié ses fondations déjà séculaires, pures œuvres de sacrifice et de dévouement inépuisable ; pas un qui ne se soit incliné devant le nom immortel, quoique bien humble, de la duchesse d’Aiguillon, de Mme de la Peltrie, de Marquette et de Brébeuf, aussi bien que devant les noms retentissants de Montcalm et de Wolfe. Ces fondateurs et ces martyrs n’ont pas gagné de batailles, mais ils voulaient gagner un monde à la foi chrétienne ; ils soignaient les blessés et combattaient la mort que les guerriers semaient partout, et si nous devons