Pourquoi ce tout jeune homme était-il venu là ? On ne l’a jamais su ; lui non plus. Les badauds ne manquent jamais de suivre les soldats sur la marche ; en outre, le tintamarre qui se faisait dans la ville, l’alarme répandue partout, les troupes battant les rues, tout cela était plus que suffisant pour intriguer notre gars, outre mesure. Toutefois, quand il se vit seul dans le jardin et les portes closes, il se demanda ce qu’il pourrait bien y faire. Il n’y a pas grand’mouches à attraper le 16 octobre en plein air, il n’y a pas grand’fleurs à dévaster ; et puis, quand on est tout seul, aucune de ces choses délicieuses, qui réjouissent tant le jeune âge et qui consistent à tout démolir, ne nous tente guère. Ennuyé de se voir pris, lui qui était venu en voir prendre d’autres, ne sachant comment se tirer d’affaire, il se risqua à pousser jusque dans le couvent. Les longs et calmes corridors s’étendaient devant lui ; pas un mouvement ne s’y faisait, pas une ombre, pas même un souffle n’y glissait. C’était muet comme la tombe, et cependant cela était vivant ; ces passages éclatants de propreté, ces murs blancs, ce parfum prude qui se dégage des habitudes douces et paisibles, semblable à la fraîcheur chaude qui sort des fleurs après l’orage, les portes entr’ouvertes, le jour tendrement mé-
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