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RÉMINISCENCES

toire du Canada, et qui ne dédaignaient pas de nous enseigner, à nous les débutants d’alors, les roueries de la politique et le dessous des choses. Avec eux nous en avons appris plus que dans bien des livres, et jamais nous n’aurions songé à leur en apprendre à notre tour, comme cela arrive à une époque de progrès disproportionné, qui ressemble beaucoup à la nôtre.




En tant qu’hôtels, ceux du Montréal d’alors n’étaient pas absolument fastueux : ils n’étaient même pas au niveau des aspirations grandioses qui envahissaient rapidement l’âme de tous les citoyens capables d’embrasser les perspectives se dessinant de plus en plus à l’horizon. À peine y en avait-il un ou deux que l’on estimerait aujourd’hui de troisième ordre, à l’exception du St-Lawrence Hall, qui venait justement de naître et qui ne se risquait encore à aucune hardiesse, rien ne faisant prévoir qu’on arriverait bientôt d’un bond à des sommets encore absolument invisibles. Des palais de la dimension, de la splendeur, de l’aménagement et de la perfection luxueuse du Windsor, il eût été impossible, même à l’imagination la plus désordonnée, de les concevoir seulement en rêve !

Mais en revanche, il y avait de ces établissements qu’on chercherait en vain aujourd’hui, des « buen retiro » d’un cachet antique, intime, en quelque sorte personnel, qui ne s’ouvraient