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RÉMINISCENCES

ter, de concert avec leurs alliés naturels les torys, des sentiments extrêmement hostiles à l’Union américaine.

Pendant que des milliers de Canadiens-français combattaient dans les années du Nord, le gouvernement des Canadas-Unis favorisait de son mieux toutes les animosités, ou déclarées, ou sourdes, ou encore indécises, contre la grande République. Oh ! La république ! C’était là un nom digne encore à cette époque de toutes les exécrations. L’occasion était trop belle pour ne pas faire un étalage forcené de loyalisme et ne pas appeler tous les bons Canadiens du pays à faire chorus. Il n’y avait pas longtemps qu’un premier ministre avait proclamé que « le dernier coup de canon tiré en Canada pour la Grande-Bretagne le serait par un Canadien-français, » et sir George É. Cartier, héritier de cet esprit, était prêt à faire tirer ensemble tous les canons de la forteresse de Québec pour appuyer cette déclaration.




La campagne contre le Nord fut menée avec cette âpreté tranchante, avec cet esprit provocateur, cette intransigeance haineuse, ce parti pris ou plutôt ce culte du dénigrement, avec ce débordement de calomnies et cette virulence de fiel qui caractérisent les fanatiques de politique presque à l’égal des fanatiques de religion, et les assimilent bien plutôt à une secte