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RÉMINISCENCES

qu’à un parti, je veux dire cela surtout de ceux qui, ayant transporté sur un théâtre plus étroit l’esprit et les traditions du torysme britannique, en sont devenus d’autant plus intolérants et plus intolérables.

Ces hommes, que le créateur ne s’est décidé à former qu’avec bien des précautions et après avoir longtemps d’avance pétri un limon spécial, sont tout charpentés d’arrogance et d’outrecuidance. Ils consentent à la rigueur à passer pour faire partie de l’espèce humaine, mais à la condition qu’on reconnaisse qu’ils sont nés pour lui commander, que l’autorité leur est dévolue naturellement, qu’ils ont un droit unique et exclusif de l’exercer, de la tenir, et que là où le pouvoir leur échappe, ils ne sont pas tenus, pour le ressaisir, d’user, comme les autres hommes, des moyens vulgairement appelés légitimes. Aussi, quand ces hommes-là sont des catholiques, de par leur nature supérieure sont-ils plus catholiques que le pape, et tous ensemble, avec ceux de leur espèce qui sont protestants, sont-ils plus loyaux que la reine.



Tels étaient les hommes, auxquels le pays appartenait au temps dont je parle et auxquels il n’a pour ainsi dire pas cessé d’appartenir, depuis la fin du siècle dernier.

Quand ils virent que des conflits pouvaient éclater d’un