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LES JEUNES BARBARES

UN AUTRE SCANDALE

Je ne l’ai pas cherché, Dieu m’en est témoin. Mais puisqu’il me tombe sous la main, je vais l’exploiter.

Les scandales sont faits pour cela.

Au reste, je n’ai plus d’autre spéculation à faire désormais. Pendant quatre ans, j’ai essayé d’exploiter le gouvernement provincial ; c’est comme si j’avais voulu tirer du lait d’une des vaches maigres d’Égypte. Ça a abouti — répétez donc cela pour voir — « ça a abouti » à ma destitution.

Je n’ai seulement pas eu la chance de donner ma résignation. Il valait encore mieux que je la « gardasse » (ô subjonctif !) pour endurer mon sort.

On n’a pas eu pour moi le plus petit ménagement. On n’a pas eu même les égards que Guillaume II a eus pour Bismarck. À quoi m’a donc servi d’être le grand Buies, comme dit madame Dandurand ?

Je n’ai plus qu’à errer avec mon désespoir, le dernier fidèle compagnon qui me reste.

Du temps que j’avais un salaire, beaucoup trop modeste, il est vrai, à mon point de vue, je pouvais au moins me promener