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RÉMINISCENCES

puis rien offrir de mieux au lecteur aussi sceptique qu’avide, aussi incontentable que désabusé.



C’était, disons en 1866. Ce siècle avait donc soixante-six ans, si j’ose m’exprimer ainsi, c-à-d. deux ans de plus que Victor Hugo, qui naquit en 1802, et quarante ans de plus que… moi, qui suis né en 1840. — Veuillez ne faire ni comparaisons ni calculs.

Je venais d’être reçu avocat, grâce à des traits d’audace, dont je ne serais plus capable aujourd’hui, et à d’heureuses supercheries, dont mon patron s’était fait le bienveillant complice.

Or, mon patron, c’était précisément M. Rodolphe Laflamme, que je viens de rappeler et à qui je demande pardon de ne pouvoir oublier d’avoir été son clerc, lui qui s’est désolé plus d’une fois, j’en suis sûr, d’avoir été mon patron, fatalement, inévitablement.

Comme tout disciple d’avenir, je n’avais paru au bureau de mon patron qu’une quinzaine de jours, durant mes trois années de cléricature, ce qui fait que je connaissais très imparfaitement la procédure anglo-franco-canadienne ; mais, en revanche, je savais encore bien moins le droit. Les examinateurs