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LES JEUNES BARBARES

Plus loin : « Les inconoclastes dans notre pays ne sont pas rares, et notre pauvre ami Lorrain en avait une peur atroce, qui l’attristait.

« La mort hideuse le guettait, un soir d’hiver, au bord de cette rivière qu’il aimait tant (on n’a jamais pu savoir au juste pourquoi ; dans tous les cas elle ne l’a pas payé de retour.) On pense tout naturellement à Napoléon qui voulait être enterré sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu’il avait tant aimé !

« Affolé, épeurré, croyant voir partout des êtres invisibles qui en voulaient à ses jours, il sortit et voulut aller au hasard… »

Ah ! par exemple, finissez, cette fois. Quoi ! Voilà un homme entraîné sous les glaces épaisses, et qui sort et veut aller au hasard !… Qu’on l’arrête, qu’on l’arrête, il va se tuer !…

C’est qu’il ne se contente pas de cela, le jeune que rien n’épeure. Il veut se citer lui-même, et il rappelle un « portrait » qu’il a fait de Léon Lorrain, le 28 novembre 1890 — la date est scrupuleusement indiquée pour qu’on n’ait aucune raison d’ignorer ce monument — dans l’Union libérale de Québec, ce qui a été probablement la cause déterminante de la chute de ce journal. En voici un extrait.

« Notre poète est blond, d’un blond d’Allemand ; un peu grassouillet, à la Fréchette ; teint animé, yeux bleus, démarche d’abbé, manières aimables et polies, tout chez lui s’harmonise