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Page:Buies - Réminiscences, Les jeunes barbares, c1893.djvu/72

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LES JEUNES BARBARES

village jusqu’à ces grands corps qui portent le titre pompeux d’Universités. Nous n’avons aucune institution spéciale pour former la jeunesse, à qui toutes les carrières modernes sont fermées, si ce n’est l’École Polytechnique de Montréal ; et encore celle-ci est-elle insuffisante, puisque les jeunes gens qui en sortent sont obligés d’aller compléter leurs études en Europe, s’ils veulent aborder l’exécution des grandes entreprises, soit industrielles, soit scientifiques.

Il y a infiniment à dire sur une question comme celle-ci, développée et envisagée sous toutes ses faces.

Les productions littéraires, comme nous en voyons tant, sont le fruit de l’ignorance générale. Si l’oisiveté est la mère de tous les vices, l’ignorance est la mère de toutes les sottes prétentions. On veut planer avec les aigles quand on a à peine l’envergure d’une chauve-souris, et l’on signe « Alexis Radiguet », avec la conviction que l’on signe « Gérard de Nerval ».




Pour ma part, je serais porté à toutes les indulgences possibles à l’égard des « Jeunes », s’ils ne nous fendaient pas la figure avec leurs prétentions outrecuidantes, s’ils voulaient être modestes un seul jour, comme il convient à des gens qui savent assez peu pour avoir tout à apprendre ; s’ils voulaient enfin se mettre dans la tête qu’ils sont très malades, et que s’ils continuent de