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Il y a de cela deux ans à peine, et malgré que le gouvernement se soit obstiné à ne pas concéder de lots à la rivière à Pierre (je ne suis ici que l’écho des plaintes que j’ai recuillies sur les lieux), malgré qu’il y ait là aussi des spéculateurs de terrains, malgré qu’on ait répété à St. Onge que la rivière à Pierre était un embarras pour l’administration, la persistance et le courage de cet intelligent pionnier et l’endurance particulière à nos colons ont triomphé de tous les obstacles et de tous les mauvais vouloirs. Aujourd’hui, il y a assez d’enfants dans ce village de cabanes, habité uniquement par des canadiens-français, pour que l’on songe à y ouvrir une école dès ce printemps et pour qu’on ait commencé à y bâtir une chapelle provisoire. En attendant, tous les dimanches un missionnaire se rend sur les lieux et dit la messe dans un « campe », le long de la route. Il se retire chez St. Onge où a été dite la première messe à la rivière à Pierre, et où a été célébré le premier mariage par le Père Meilleur qui voulut ensuite assister à la noce et voir ses braves colons se désarticuler dans des gigs et des reels qui durèrent toute la journée, aux grincements d’un violon construit d’après les mêmes règles que les cabanes des alentours.

Mais la maison de St. Onge ne pouvait plus suffire à loger les employés du chemin de fer, les nombreux travailleurs et les voyageurs même qui commençaient à populariser la ligne. Il s’établit donc en face de la sienne une autre maison, mais beaucoup plus spacieuse, comprenant de grandes pièces, deux ou trois chambrettes privées pour les dames de passage, et un