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quait, mais actives, après à la besogne, toujours sur pied, glissant d’un bout à l’autre de la maison dans une allure fantomatique, et remplissant assez strictement leurs fonctions d’hôtesses pour réussir à garder leurs pensionnaires, pauvres gens qui n’avaient pas le choix entre la terre dure et le toit de ces deux haridelles. J’ai appris dernièrement que leur maison avait passé au feu et était entièrement détruite ; mais les deux vieilles filles, inaccessibles aux flammes, sont restées intactes.

Ainsi vient de s’engloutir dans les abimes du temps une page des premiers établissements de la rivière à Pierre ; et pour dire un dernier mot au sujet de cet endroit intéressant, je vous annonce que la compagnie du chemin de fer y a fait construire une très jolie et très coquette petite station, à la place de la hutte qui en tenait lieu, qui est la première station construite sur la ligne et qui servira de type à celles qui le seront plus tard, enfin que St. Onge est devenu maître de poste, qu’il vous répondra en très bon français si vous lui écrivez pour constater l’exactitude de tout ce que je vous ai dit ce soir, que sa femme, une bonne grosse canadienne, encore alerte malgré ses rhumatismes, vous donnera un bon souper à votre arrivée chez elle, et ensuite un bon lit dans une chambre à vous seul où vous dormirez comme le juste, ce qui vaut bien la peine, pour un bon nombre d’entre vous, d’aller à la rivière à Pierre.

Le lendemain, je m’éveillai à l’heure où les coqs ont depuis longtemps cessé de chanter. Une légère dentelle blanche, comme un voile de gaze qu’aucun