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Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, deuxième conférence, 1887.djvu/27

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moirée, couverte d’étincelles de jais, et, après cent méandres, haletante ou rassurée, elle s’étale dans toute la force et l’ampleur de son cours à l’endroit privilégié, complètement inconnu néanmoins, il y a deux ans à peine, si ce n’est des fauves et des chasseurs, qui désormais portera dans l’histoire le nom si aimable et si aimé de Beaudet.

Voici le Windsor, bâti sur un escarpement qui domine la rivière et escorté, comme d’autant de satellites, d’une douzaine de huttes qui ont déjà un petit air de civilisation, et qui, juchées çà et là, un peu au hasard, sur les nombreux reliefs du terrain, forment, aux abords de la Batiscan, un groupement des plus pittoresques et des plus ingénieux. Le Windsor restera célèbre dans les annales du chemin de fer du Lac St-Jean. C’est une hutte comme toutes les autres, mais beaucoup plus spacieuse et bien mieux faite, bourrelée et capitonnée dans les intervalles des troncs d’arbre, ayant des divisons à l’intérieur, un rez-de-chaussée où se trouve une grande salle à manger et plusieurs chambres privées, et un premier étage qui, converti en dortoir, peut loger commodément une trentaine d’hommes. C’est là que fut donné l’automne dernier un grand bal auquel assistèrent une soixantaine de gentlemen, de dames et de demoiselles de la ville venus dans un convoi spécial ; c’est le même soir que les travailleurs de la ligne offrirent aux quatre entrepreneurs de sections un testimonial sous forme de service en argent, en témoignage du bon accord, de la cordialité et de l’excellent esprit qui règne entre tous ceux, à quelque condition qu’ils