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Je ne puis m’y arrêter dans une conférence qui ne doit durer qu’environ une heure et quart, temps réglementaire, rigoureusement prescrit par la patience des auditeurs ; mais permettez-moi de remarquer seulement combien il y a d’enseignements à tirer, même d’un tout petit voyage comme celui que je vous raconte, quand on observe bien. Une foule de choses différentes se présentent à la fois dans un cadre étroit. Tout est intéressant dans un pays neuf ; on y voit les hommes dans leur nature même, aux prises avec tout ce qui les entoure. Le moindre petit fait y prend un intérêt qui nous touche de près, et c’est ainsi que nous apprenons à connaître par le détail intime comment se sont formées les sociétés qui, plus tard, vivent en pleine civilisation. L’histoire du monde n’est pas autre chose, et c’est depuis qu’on a commencé l’étude de cette vie intime qu’on a apporté dans les recherches historiques un élément nouveau, absolument indispensable pour connaître l’origine, la formation et les développements successifs des sociétés, élément bien autrement considérable et important que le récit fastueux des grands événements, des actions éclatantes, des batailles, des conquêtes et des règnes de princes la moitié du temps ineptes, ignares, réfractaires à tout progrès et incapables de faire quoi que ce soit, pas même des log-houses.

Parfois on traverse des espaces ravagés par le feu. Quel spectacle grandiose et mystérieux en apparence que le feu dans les bois ! Vous le voyez s’allumer subitement, à droite, à gauche, devant vous, sur vingt points à la fois, poussé par une force inconnue, dévo-