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lonie qui se développait péniblement dans la misère et les privations de toute nature ; aujourd’hui chacune des baies du Saguenay contient des établissements et le bassin du Lac St-Jean, ce futur grenier de la province, la plus fertile de toutes nos régions agricoles, renferme une population de vingt-cinq mille âmes, qui attendent avec une impatience indicible l’ouverture de la voie ferrée pour inonder la capitale de leurs produits, et pour prendre cet essor merveilleux que la nature de leur pays, que son sol et son admirable situation géographique lui permettent de prévoir et de calculer à coup sûr.

De la rive méridionale du grand Lac, de cette petite mer intérieure qui, jadis, couvrait un espace trois à quatre fois plus grand qu’aujourd’hui, les établissements s’échelonnent petit à petit le long de la rivière Ouiatchouane, jusqu’au lac des Commissaires, trente milles plus loin, de sorte qu’il ne reste plus maintenant qu’un espace désert entre ce dernier lac et le point qu’atteignent les trains de construction, sur la rivière Batiscan, à 87 milles de nos murs, et encore cet espace est-il semé çà et là de chantiers et de cabanes de défricheurs, qui ne tarderont pas à être converties en demeures permanentes ; et, avant un quart de siècle, tout ce vaste territoire intérieur sera comme encerclé par une série non interrompue de colonies qui, partant de la capitale, longeront le fleuve jusqu’au Saguenay, remonteront cette rivière jusqu’au lac St-Jean, et de là redescendront, en suivant la ligne du chemin de fer, jusqu’à ce qu’elles soient revenues à leur point de départ.