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deux ou trois heures de chemin de fer, le temps à peine de lire les journaux du jour. M. Beemer, l’entrepreneur de la ligne, fera en outre élever sur les bords du lac une espèce d’hôtel provisoire pour recevoir les voyageurs ; cet hôtel ne sera pas en pierre de taille, mais je puis vous assurer qu’on y sera confortablement et qu’on y mangera bien, car je sais aujourd’hui par expérience comment M. Beemer, le modèle des entrepreneurs, sait faire les choses.

Pendant longtemps j’avais cru que le nom d’Édouard donné au grand lac dont nous parlons avait été comme une sorte d’hommage fait au prince de Galles, et quoique cette opinion fût assez accréditée, je n’étais pas bien sûr du fait, et mon imagination est si facile à troubler que j’en éprouvais une perturbation véritable dans mon for intérieur. Enfin, en parcourant le rapport insipide de l’exploration de 1828, je trouvai ce même nom d’Édouard donné au lac, et de plus son origine attribuée à un simple chasseur sauvage de Batiscan qui avait l’insigne honneur de s’appeler Édouard, lui aussi, tout comme un prince du sang. Dès lors, je fus heureux. Savoir que le lac Édouard tire son nom d’un chasseur sauvage de Batiscan, quel bonheur ! Ô beauté des découvertes ! Ô volupté de l’érudition !

J’ai dit que les lacs qui bordent le parcours de la ligne regorgent de poisson. En effet, messieurs, ces lacs fournissent chaque semaine à nos marchés plusieurs centaines de livres de truite en plein hiver, et c’est au point que bon nombre de familles de St-Sauveur sont allées camper sur leurs bords depuis le mois de décembre