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Page:Buies - Sur le parcours du chemin de fer du Lac St-Jean, première conférence, 1886.djvu/22

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est à peu près situé à mi-distance entre Québec et le lac St-Jean. Ici, je m’arrête dans cette nomenclature, car je n’ai pas le droit d’aller plus loin, ma conférence portant pour titre « Une moitié de Ligne. » Or, nous y sommes à la moitié de cette ligne qu’on croyait et qu’on disait impossible à construire, et dès l’été prochain, dans trois ou quatre mois d’ici, les touristes pourront se rendre en foule à ce lac Édouard, aussi long que l’Île d’Orléans, pour y faire la pêche, pour y camper paresseusement sur ses bords, ou pour s’y promener dans le bateau à vapeur que la Compagnie doit mettre à leur disposition. Et tout cela c’est du nouveau, et grâce à la construction du chemin de fer du Lac St-Jean, une immense région, absolument différente par son caractère sauvage de toutes celles où nous pénétrons en chemin de fer, va être offerte à la villégiature canadienne lasse de fréquenter éternellement les mêmes rivages du St-Laurent, et d’y attendre tous les jours l’heure bienfaisante de la marée pour prendre des bains. Les familles canadiennes et les Américains vont affluer sur le parcours de cette ligne étrange, construite en pleine forêt et bordée à profusion de lacs qui tous regorgent de poisson. Les amateurs de vraie campagne vont pouvoir s’en donner là à cœur-joie, avec abandon, avec volupté, affranchis qu’ils seront de toutes ces restreintes, de toutes ces petites tyrannies sociales auxquelles les assujétissent les stations d’eau fashionables, et, pour goûter ce parfait bonheur d’une villégiature sans mélange, complète, absolue, partout ailleurs irréalisable, ils n’auront qu’à faire