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jusqu’à présent, n’a donné que de l’eau, se mettra à donner du feu avec une égale énergie et une égale abondance intarissable. Du haut de la terrasse Frontenac, nous, citoyens invariablement archi-paisibles, et confus de nous voir si attardés dans la course vertigineuse du siècle, nous nous exalterons dans les triomphes de notre esprit d’entreprise et de notre prodigieux goaheadisme ; nous nous sentirons grandir en même temps que notre ville, nous nous regarderons les uns les autres avec un étonnement mêlé d’admiration, et quand les Montréalais viendront pour nous contempler, on les reconnaîtra de suite à leur air inquiet, troublé, effaré de se voir dans cette ville gigantesque, aussi admirablement éclairée, aussi admirablement entourée, et surtout aussi admirablement peuplée.

Et toute cette splendeur future, nous la devrons en grande partie à quelques citoyens seulement, que leur énergie opiniâtre, une activité sans relâche et le sentiment bien entendu de l’avenir ont fait triompher de tous les obstacles, de toutes les impossibilités et de tous les mauvais vouloirs ; nous la devrons à l’honorable James J. Ross, sénateur, aujourd’hui dix fois millionnaire, qui, lorsqu’il vint à Québec, il n’y a guère plus de quarante ans, n’avait pas seulement une paire de chaussures à se mettre aux pieds, et qui, aujourd’hui, pourrait en fournir à tous les cordonniers du Dominion ; à l’honorable Pierre Garneau, dont tout le monde connaît l’esprit d’entreprise judicieux et éclairé ; à M. Beaudet, un canadien qui n’était pas gros, non plus lui, il y a vingt-cinq ans, et qui, aujourd’hui, est à la tête du commerce de notre ville, cœur aussi large et aussi