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la Charente. Quoique les habitants des campagnes considèrent l’élève des bêtes à cornes comme l’essentiel de leur revenu et de leur prospérité ; comme l’agent le plus direct, la cheville ouvrière de l’art agricole, ils ne montrent pas plus d’empressement pour les améliorer ; il semble même que tout sujet de méditation sur ce point de perfectionnement important ne soit pas fait pour eux. Il est constant que l’espèce bovine a souffert le plus et souffre encore de l’insouciance qui préside depuis trop longtemps à l’appauvrissement de toutes les branches agricoles. On l’a absolument oubliée, abandonnée à elle-même, et il n’y a pas de doute que, si le climat, la nature et l’abondance des pâturages, par leur convenance parfaite, n’avaient prévenu et corrigé les dépravations commises par les mésalliances inconsidérées et les abus, nous n’aurions que des monstruosités, ou cette espèce se serait anéantie.

Autant par fausse spéculation que par le manque de principes indispensables, les cultivateurs qui élèvent du bétail n’en considèrent que le nombre. Se refusant à tout ce qui est contraire aux routines usuelles, il leur importe peu d’élever des individus forts ou faibles, beaux ou laids ; ils ne s’appliquent pas plus à conserver les uns qu’à améliorer les autres ; en vain, veut-on leur démontrer que quatre forts bœufs et de belle race, rendent beaucoup plus de services, mangent moins et se vendent plus que six, même que huit petits et chétifs.

Il en est de même pour les vaches qu’ils livrent à la reproduction et qu’on exporte en assez grand nombre. Comment ne pas vouloir comprendre qu’un choix bien fait de mâles et de femelles donne des résultats favorables sur tous les points.